Ce n’est pas l’énergie qui est trop chère en France, c’est le travail

J’aurais pu intituler ce post « Cher gilet jaune, je te tends la main », mais je préfère ce titre-là, un peu plus provoquant :

Ce n’est pas l’énergie qui est trop chère en France, c’est le travail.

(Chers gilets jaunes, ne vous arrêtez pas là, continuez jusqu’au bout, vous verrez qu’on peut peut-être – j’espère – arriver à s’entendre)

Explications :

Une fiscalité sur le travail élevée (en termes de charges patronales et sociales), si dans le même temps l’énergie est (relativement) bon marché, c’est une incitation directe à :

  • Rechercher des gains de productivité sur le travail : horaires décalés, taylorisme, automatisation, process standardisés asservissant l’humain à la machine, cadences insoutenables, etc. Donc stress, perte de sens, découragement, Burn out, et autres joyeusetés des temps modernes.
  • Délocaliser la production, parce qu’il coûtera moins cher de transporter les marchandises sur de grandes distances que de les fabriquer sur place. Conséquences : désindustrialisation, chômage, désertification territoriale, etc.

La solution, c’est de baisser les charges sur le travail (ce qui permettra d’augmenter les salaires nets) pour réduire le cout du travail, et d’augmenter la fiscalité sur l’énergie.

Pour le consommateur final, ce sera transparent (il paiera plus cher son plein d’essence, mais ce sera compensé par une augmentation de son salaire net).

Pour les producteurs et les investisseurs, c’est une incitation à relocaliser les productions et à miser sur la qualité plus que sur le volume : donc un travail qui retrouve du sens, des territoires en voie de désertification qui retrouvent de l’activité, etc.

Pour être efficace, ce transfert de fiscalité doit être accompagné d’aides ciblées pour favoriser les investissements dans l’efficacité énergétique, le renouvellement du parc automobile, l’intermodalité et les transports actifs, et aider les ménages modestes à améliorer leur logement.

De façon évidente, l’impact sur le changement climatique est important, puisqu’en misant sur la relocalisation et la réduction des consommations d’énergie, on limite drastiquement les émissions de carbone.

Du point de vue de la compétitivité économique, l’impact est neutre : il ne coûtera pas plus cher de produire en France, c’est la répartition des charges qui va changer.

D’un point de vue budgétaire, pour l’Etat, c’est neutre. C’est donc compatible avec les critères de convergence européens. Mais l’impact potentiel d’un tel transfert sur l’emploi, la qualité de vie, la santé et l’environnement est considérable. On a donc – vraiment – tous à y gagner.

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